« Au pays de ma mère… » : sur les pas de Paul Verlaine en Artois

A leur retour du Salon du livre d’Etretat, les Amis de Verlaine ont tenu à découvrir le pays des racines maternelles de Paul Verlaine, à savoir Arras et ses environs. Pour cela, ils ont eu comme guides compétents et motivés Jean-Claude Vanfleteren et Gérard Devulder, respectivement chancelier et directeur de la Société des Rosati (créée en 1778 !) et de leurs épouses.

En effet, Madame Verlaine mère, née Elisa Stéphanie Dehée, est revenue vivre dans son pays natal après le décès de son mari en 1865, et son fils Paul est souvent venu lui rendre visite, à tel point que la ville d’Arras le considère aujourd’hui comme l’un de ses enfants.

Ce n'est pas tout à fait dans cette maison de la rue d'Amiens que Verlaine habita...
...mais dans une petite impasse qui en part...

Il faut dire aussi qu’entre fin 1892 et fin 1893, Verlaine entreprit une série de conférences entre la Belgique, les Pays-Bas, Londres et la Lorraine, et un poème récemment retrouvé, intitulé « Toast à distance / aux Rosati » et daté du 22 février 1894, indique qu’il souhaitait également venir en faire une aux « gens du Nord », mais qu’il ne pouvait pour des raisons de santé :

Gens du Nord, mes compatriotes,

Hélas ! Je vous avais promis

Quelques mots à propos de bottes

Comme on échange entre amis.

(…)

Cette conférence fut finalement donnée, mais au café Le Procope à Paris le 29 mars 1894 (1).

Devant le bel Hôtel de Guînes, siège des Rosati...
Jean de la Fontaine, patron des Rosati d'Arras

 

Le village natal de Madame Verlaine mère, Fampoux, où se  trouve le caveau familial de la famille Dehée, a été grandement détruit pendant la première guerre mondiale et ne ressemble plus du tout à celui qu’a connu Paul Verlaine. Celui-ci y venait rendre visite à sa famille depuis Arras par le chemin de halage du canal de la Scarpe ; les Rosati ont d’ailleurs demandé à ce que ce chemin soit appelé officiellement chemin Paul Verlaine.

Paul Verlaine est également venu en 1862 et 1865 à Lécluse, le village où résidait sa cousine Elisa Moncomble, épouse Dujardin, qui fut pour lui une sorte de tendre grande sœur adoptive, puisque le couple Verlaine l’avait recueillie après le décès de sa mère en 1842. Paul était secrètement amoureux d’Elisa, mais si celle-ci repoussa ses avances, elle lui donna l’argent qui lui permit de publier son premier recueil, « Poèmes saturniens », dans lequel le poème « Après trois ans » évoque le jardin de la maison d’Elisa à Lécluse.

Le petit cimetière où est enterrée Elisa Moncomble

Le hasard des dates a voulu qu’une série de photographies de la famille Verlaine ait été mise aux enchères à l’Hôtel Drouot en ce mois de novembre 2019. On y découvre les visages de Verlaine jeune, mais aussi d’Elisa Stéphanie Dehée, sa mère, et d’Elisa Moncomble. Ces photographies ont été acquises par la Bibliothèque Royale de Belgique.

 

Que ce soit à Metz, à l’Auberge du Lion d’Or de Juniville ou à Arras, Paul Verlaine apparaît ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre. Un très grand merci à Monsieur et Madame Vanfleteren et à Monsieur et Madame Devulder pour leur gentillesse, leur dévouement et leur culture. Et que les Muses continuent d’inspirer encore longtemps artistes, poètes et écrivains artésiens sous l’égide des Rosati d’Arras !

(1) Voir Les poètes du Nord, Gallimard, avril 2019.