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« Le vers libre et Verlaine », causerie de Catherine Boschian-Campaner.

5 février 2016 @ 19 h 00 min - 20 h 30 min

 Dans le cadre des  « Petit salon : à la lumière de l’œuvre… »  Catherine Boschian-Campaner, professeur de lettres à l’université de Lorraine, présentera  une causerie intitulée « Le vers libre et Verlaine ».  Seront  évoquées  l’histoire et la naissance d’un vers qui rompt avec la tradition et la position critique de Paul Verlaine par rapport à une évolution dont il a été à l’origine. Place sera ensuite faite à la célébration par des lectures poétiques et des intermèdes musicaux.

Pour les néophytes…

Le vers libre des classiques et des parnassiens puis décadents…

MÉLANGE DE DIFFÉRENTS MÈTRES – VERS LIBRE CLASSIQUE.

On peut mélanger des vers de mesure inégale tantôt symétriquement, comme dans les stances ou strophes, dont nous parlerons plus loin, tantôt sans cadre régulier.

En poésie classique les vers sont dit libres quant différents types de vers sont
mélangés, tant que l’alternance des rimes féminines et masculines est respectée

et que chaque vers obéit à ses propres lois.On appelle vers libres classiques, des vers dans lesquels le poète entremêle à son gré les différentes mesures, sous la condition expresse de produire un ensemble bien cadencé et que l’alternance des rimes féminines et masculines soit respéctée. Racine, Quinault, Rousseau, dans la poésie noble ; La Fontaine, Chaulieu, Voltaire, dans le genre familier, ont particulièrement maîtrisé ce genre de versification.

Comme modèle parfait de vers libres, nous citerons les chœurs d’Esther et d’Athalie. Il suffira d’en transcrire un fragment :

J’ai vu l’impie adoré sur la terre
Pareil au cèdre, il cachait dans les cieux
Son front audacieux ;
Il semblait à son gré gouverner le tonnerre,
Foulait aux pieds ses ennemis vaincus
Je n’ai fait que passer, il n’était déjà plus. RAC.

On voit, dans une Idylle sur la Paix, de beaux vers du même poète qui sont moins connus:

Tu rends le fils à sa tremblante mère ;
Par toi la jeune épouse espère
D’être longtemps unie à son époux aimé ;
De ton retour le laboureur charmé
Ne craint plus désormais qu’une main étrangère
Moissonne avant le temps le champ qu’il a semé ;
Tu pares nos jardins d’une grâce nouvelle;
Tu rends le jour plus pur et la terre plus belle.

puis les  parnassiens et décadents…

En même temps que le Symbolisme substituait au positivisme parnassien une conception poétique plus belle et plus juste, il renouvelait aussi la forme du vers : il créait le vers libre.‌

Cette métrique récente, et qu’ont adoptée la plupart des poètes originaux d’aujourd’hui, est d’abord constituée par la négation hardie des règles jusqu’à présent admises.‌

De quelles règles se libérait le vers français, grâce à l’initiative heureuse de Laforgue et de Kahn ? Des règles parnassiennes. La métrique parnassienne ne diffère pas essentiellement de la métrique romantique. Les Parnassiens, qui ne furent pas de prodigieux inventeurs, donnèrent seulement un caractère plus strict et plus rigoureux aux préceptes qu’ils avaient reçus de leurs devanciers. Ils firent subir à la métrique française un traitement analogue à celui qu’imposèrent les poètes latins à la métrique grecque. Celle-ci était souple et aisée ; les Latins la rendirent plus catégorique et plus impérieuse. C’est qu’ils manquaient de sentiment poétique et d’inspiration ; alors, ces dons naturels et divins dont ils étaient privés, il les remplacèrent par l’application méthodique de recettes précises… Le cas est le même pour les Parnassiens : leur esprit positif les rendait extrêmement impropres à l’émotion poétique ; ils firent donc consister la poésie dans un métier difficile et minutieux. Il suffit, pour s’en rendre compte, de lire le Petit traité de poésie française de Théodore de Banville, qu’on peut considérer, comme l’Art poétique de l’école. On s’appliqua systématiquement à rendre la versification plus compliquée, le travail du poète plus ardu. On disait : plus le métal est dur, plus l’œuvre du ciseleur y sera définitivement gravée ; — ou bien encore, suivant la science hydraulique : plus est étroit l’orifice, et plus s’élèvera haut, vers le ciel, le jet. Et c’est-à-dire qu’on ennoblissait avec des métaphores un désolant sophisme qu’il aurait fallu formuler ainsi : plus vous torturerez votre pensée, plus vous l’embellirez. Il n’y eut pas une très grande différence entre la poésie ainsi conçue et le laborieux remplissage des bouts-rimés ; la besogne du poète prit une désastreuse analogie avec celle de tels « Œdipes du café de l’Univers… ».

in Beaunier, André (1902)

La poésie nouvelle

Détails

Date :
5 février 2016
Heure :
19 h 00 min - 20 h 30 min